Tout a commencé le mercredi 12 décembre 1883 au café Le Procope, l’un des plus anciens cafés-restaurants de Paris, par une simple discussion entre six étudiants du lycée Saint-Louis. L’institution est toujours située en face de l’Université de la Sorbonne, boulevard Saint-Michel, en plein cœur du 6ème arrondissement de la capitale.

Cherchant à se démarquer des nombreux clubs à consonance anglaise, très en vogue dans le Paris de la fin du 19ème siècle, les cinq étudiants optent pour un nom sans équivoque : Stade, en hommage aux athlètes antiques, et par opposition, devenue viscérale à travers les siècles, au Racing Club de France, créé quelques mois auparavant.

Si les six compagnons s’entendent initialement sur l’envie de créer un club omnisports principalement axé sur la course à pied, l’engouement naissant pour un sport venu du Royaume-Uni, le « rugby football », et pratiqué par les étudiants britanniques habitant Paris va changer le cours de l’histoire. À la mode chez les jeunes bourgeois et aristocrates anglais, le « rugby football » n’a alors rien du sport populaire qu’il est devenu au fil du temps.

Lui-même constitué par l’élite de la jeunesse parisienne, le tout jeune club va ainsi naturellement s’orienter vers la pratique du rugby, alors considéré comme le sport intellectuel par excellence, un sport de gentlemen.

Les premières rencontres opposent ainsi les membres du Stade à des étudiants britanniques de Paris. Ce serait même eux qui auraient les premiers accolé l’adjectif « Français » au Stade, pour en faire le désormais mythique Stade Français.

Ainsi baptisé, le Stade Français, va alors aller piocher dans ce qui se fait de mieux dans la discipline pour se développer, les Britanniques. Soucieux de profiter du savoir-faire et de l’expérience de ceux qui ont inventé ce jeu, le Stade Français va trouver son premier demi d’ouverture et capitaine en la personne de C. Heywood, professeur d’anglais au lycée Buffon, dans le 15ème arrondissement de Paris, et arrivé de Caen en 1889.

Grandement impliqué dans le développement du sport parisien et particulièrement du Stade Français, allant même jusqu’à accompagner le Baron Pierre de Coubertin à l’Elysée pour rencontrer le Président Carnot, Heywood est aussi le capitaine de l’équipe du Stade Français vaincue par le Racing Club de France lors de la première finale de 1892. L’année suivante, le Stade était Champion pour la première des quatorze fois de sa grande histoire …

Parallèlement à celui de son rival historique, le développement du Stade Français se poursuit rapidement, le club commençant même à asseoir sa réputation au-delà de nos frontières.

C’est ainsi que dès 1892, le Stade Français est le premier club hexagonal à participer à un match international de rugby à Londres, face à Rosslyn Park. Une équipe anglaise que le Stade Français retrouve deux ans plus tard, le 28 mars 1894 à Bécon-les-Bruyères, un quartier situé dans les Hauts-de-Seine, pour ce qui reste dans l’histoire comme la première victoire d’un club français dans un match international, sur le score de 9 à 8.

Au sommet du rugby hexagonal avec huit titres de Champion de France entre 1893 et 1908, le Stade commence à écrire sa légende…