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Le bilan de Gonzalo Quesada à mi-saison

C’est bientôt la reprise du Top 14. Après déjà 10 journées, notre entraineur en chef dresse le bilan de la presque mi-saison des Parisiens et parle de l’avenir.

Stade Français Paris : Bonjour Gonzalo, première question au lendemain de ce premier bloc de 10 journées de championnat : quel bilan dresses-tu ?

Gonzalo Quesada : Un bilan évidemment mitigé, on aurait voulu faire bien mieux. Après, il faut bien analyser le contexte.

Aujourd’hui nous avons beaucoup d’ambitions car on a forcément envie de refaire ce que l’on a fait la saison dernière. Mais on sait aussi que de belles équipes comme Lyon, Montpellier ou Toulon n’avaient pas réussi à se qualifier et sont revanchardes sur cet exercice. Cela fait beaucoup d’équipes pour prétendre à ce Top 6.

Si je dois analyser notre parcours, bien sûr que ne pas sécuriser le Derby à domicile a été difficile. Ensuite, on se déplace mal deux fois à Bordeaux puis à Toulon… On lance un peu enfin notre saison contre Castres avec cette belle victoire qui aurait pu être bonifiée, c’est ce genre de petit point qu’il nous manque aujourd’hui, et à plusieurs reprises. 

On se déplace mieux à Brive où il est toujours difficile de jouer mais toujours pas assez pour gagner, ni pour ramener un point. On se réveille contre Clermont avec une belle victoire et on enchaine enfin à Perpignan où les équipes auront du mal à gagner cette saison. On fait un match très abouti contre Lyon mais malheureusement on n’enchaine pas à Pau en revenant sans point.

Cette dernière rencontre du bloc contre Montpellier nous fait mal. On fait un match où l’on réussit nos attaques, 63 minutes très propres avec 4 essais à 0, très propres et très construits. Mais malheureusement comme à Pau, la discipline nous fait perdre… On donne 14 pénalités, 10 dans les zones de points et on ne peut pas donner 30 points à l’adversaire, pour gagner c’est impossible. 

 

SFP : Comment expliques-tu ces fautes répétées ? Comment peut-on travailler là-dessus ?

GQ : D’abord la discipline est très liée à la confiance aussi. Quand l’équipe est en confiance, quand elle est bien dans sa tête, plus solide, on a moins de joueurs qui vont rentrer dans un ruck en prenant des risques pour « sauver la patrie ». Quand on sait que l’équipe est collectivement capable de tenir plusieurs phases sans se faire percer, on fait moins de fautes. 

On travaille beaucoup sur ça, on a déjà fait venir des arbitres deux fois cette saison et on va contacter un arbitre qui va venir régulièrement avec nous pour nous permettre de progresser sur ce secteur.  

C’est un énorme axe de travail pour nous afin de gagner des matchs car notre conquête marche très bien, la mêlée est forte, la touche est régulière… La défense et l’attaque n’étaient pas au point en début de saison mais la progression est là. Ce sont des secteurs, quand il y a du turn-over dans l’effectif, qui prennent plus de temps. Nous sommes de plus en plus efficaces mais si la discipline n’est pas au niveau, le Top 14 ne pardonne rien tellement les matchs sont serrés. On ne peut pas se permettre sur ce prochain bloc de donner à nouveau autant de points à nos adversaires. 

 

SFP : Cette parenthèse a permis à nos joueurs de souffler avant un nouveau bloc de 11 matchs (7 de Top 14) sans interruptions qui va réellement dessiner le championnat. Comment l’aborde-t-on ?

GQ : On démarre direct par deux gros rendez-vous, d’abord Biarritz que je connais bien. Ils ont bien démarré la saison grâce à la fraicheur et à la dynamique, ils ont eu plus de mal sur la fin du cycle mais c’est une équipe qui joue très bien au rugby, avec une ferveur, un public et la fierté d’être en Top 14. Malheureusement pour nous on va les jouer chez eux avec une nouvelle fraicheur après 15 jours de vacances. Nous sommes prévenus ce sera un beau challenge. 

Ensuite ce sera La Rochelle à domicile et un autre gros morceau mais d’abord le BO.

On sera coupé par la Champions Cup mais pour continuer sur le championnat, on va arriver sur une période qui nous a fait beaucoup de mal la saison dernière, on le sait. On va devoir donner des vacances à des joueurs, composer avec le 6 Nations, les doublons… En revanche nos Argentins vont rentrer définitivement. C’est une période qui va être décisive et à laquelle on réfléchit énormément. On a hâte d’attaquer ce deuxième bloc, on a hâte de montrer qu’on a progressé pour espérer figurer plus haut dans le classement car c’est notre volonté évidemment.

 

SFP : Au cœur de ce bloc, notre retour en Champions Cup. La grande Coupe d’Europe que le Club n’a pas disputée depuis 6 années. Un mot sur cette compétition que tu connais déjà aux manettes de l’équipe ?

GQ : On pense avoir un effectif pour essayer de vraiment jouer cette belle coupe sans se cacher. On aura ici l’opportunité de faire jouer beaucoup plus de nos joueurs non jiffs ensemble, sans calculer, car c’est cette saison notre limite en championnat. 

Il y a des joueurs qui ne sont pas jiffs qui attendent beaucoup plus de temps de jeu, de pouvoir jouer ensemble et d’avoir leur chance. Et là on va pouvoir leur donner et se faire plaisir. On va aborder tous nos matchs avec une belle équipe car on pense qu’on va pouvoir être compétitifs sur les deux tableaux en égalisant les temps de jeu.

 

SFP : À 3 matchs de la mi-saison, comment analyses-tu l’intégration de nos recrues ?

GQ : D’abord Clément Castets nous manque. Il n’a pas eu de chance avec sa blessure, ça a été un coup dur pour tout le monde. C’est un joueur qu’on avait beaucoup travaillé la saison dernière, on attend beaucoup de lui forcément mais il est déjà très intégré au groupe et il arrivera en début d’année prochaine maintenant. 

JJ (Juan John Van Der Mescht) nous a rejoint tard mais nous sommes très contents de lui. Il s’est vraiment remis en forme, c’est un vrai numéro 5, il est très puissant. Avec Paul Gabrillagues, Yoann Maestri, P-H Azagoh, Mathieu de Giovanni et lui, nous avons beaucoup de choix de haut niveau en 2ème ligne.

Romain Briatte a eu une intégration très rapide, il a fait toute la présaison, il connaissait déjà beaucoup de nos joueurs. Il est devenu très rapidement une pièce importante de notre effectif, il apporte énormément dans tous les secteurs, notamment dans la touche.

Nemo Roelofse nous apporte aussi beaucoup de satisfaction, on le suivait depuis un moment. Le rythme et l’intensité changent de la Pro D2 au Top 14 mais il progresse et il est de mieux en mieux. Il a beaucoup de concurrence à son poste avec Paulie (Alo-Emile) et Giorgi (Melikidze) ce qui est une très bonne chose pour le Club. 

Harry Glover c’était un petit pari, venant du 7 et de Pro D2, mais j’ai aimé l’homme et le joueur tout de suite dans notre échange. C’est une belle surprise car il a profité de toutes les opportunités, il a mérité toutes ses feuilles de matchs, il les a gagnées. Et il a encore une belle marge de progression.

Ngani Laumape a eu beaucoup de pression sur les épaules avec toutes les attentes autour de lui. Il a du découvrir notre culture, s’adapter à notre système, à sa nouvelle vie. Il travaille très dur quotidiennement, il a fait des efforts énormes et ne s’économise jamais à l’entrainement, dans ses cours de français, dans ses échanges avec les coachs, c’est le genre de personne qui met tout en place avec un grand professionnalisme. On m’a posé la question au début de la saison et j’avais dit qu’il allait lui falloir un peu de temps pour s’adapter à ces changements. Montpellier c’est forcément le match où il a joué le plus proche de son meilleur niveau, toutes ses courses, toutes ses décisions, les compréhensions de notre plan de jeu étaient bonnes. Je pense que ça peut être un match déclic pour lui. Je l’espère car on a besoin de lui.

 

SFP : Un mot sur le recrutement en cours pour la saison prochaine ?

GQ : Nous travaillons forcément sur 3 secteurs. D’abord la continuité. La priorité c’est nos joueurs, on veut changer l’effectif le moins possible, ça c’est aussi une volonté de ma part de ne pas changer 10 joueurs par an car ce n’est pas simple pour construire. Nous voulons créer de la stabilité et une équipe soudée, solide sur la durée. Avant de se presser sur certains profils on regarde nos fins de contrats.

On regarde ensuite quelques profils très précis, qui peuvent nous apporter un plus. Il y a des joueurs en fin de contrat, qu’on a rencontré, qui sont venus à Paris, et pour différentes raisons certains ont accepté de nous rejoindre, d’autres sont allés ailleurs.

Enfin on ne peut pas parler de recrutement sans parler des jeunes. Nous avons une volonté commune, le Dr. Wild, Thomas, les coachs, moi, de continuer à développer notre Centre de Formation. Qu’il devienne une vraie source pour l’équipe professionnelle. Boris Bouhraoua et Laure Daldosso font un énorme travail au quotidien. 

On a signé cette année Janeiro Wakeham, un joueur que m’a recommandé Simon Raiwalui, il m’a beaucoup parlé de lui. Raffaele Storti, jeune international portugais, nous a aussi rejoint. C’est un joueur qui a beaucoup de qualités et on pense que ce sera plus qu’une option pour l’avenir. On a aussi des jeunes de talent qui ont prolongé, je pense à Léo Barré ou Mamoudou Meïté pour ne citer qu’eux. On travaille sur beaucoup d’autres profils pour essayer que notre recrutement à moyen terme vienne de notre formation, de notre Club.

 

SFP : Former ce qui nous feront gagner demain est donc plus que jamais un des 3 piliers du projet du Club grâce au soutien du Dr. Wild ?

GQ : Oui, on essaye de construire l’avenir du Stade Français. Le soutien indéfectible du Dr. Wild depuis des années est primordial, il tient à stabiliser le Club, à renforcer l’équipe, il nous a permis de développer toutes nos infrastructures. 

On a fait beaucoup de changements pour apporter de la stabilité mais il y a toujours cette vision extérieure de questionnement sur notre Club et pourtant je peux assurer que l’on construit, que depuis l’arrivée de Thomas il y a énormément de changements et que l’on sait où l’on va. De l’intérieur c’est très clair, de l’extérieur certains ne semblent pas encore le voir. Mais nous sommes confiants, nous savons où nous allons et c’est passionnant.

D’ailleurs le soutien du Dr. Wild n’est pas que financier, il est là à presque tous nos matchs, à l’extérieur comme à domicile, il échange en permanence avec Thomas, avec moi de temps en temps, il est très engagé derrière le Club. L’idée c’est de continuer à travailler pour que l’équipe professionnelle continue à progresser et pour que nos jeunes soient de plus en plus prêts à renforcer l’équipe première.

Enfin, ce qui est très important et ce qu’on vise, c’est d’être une équipe performante pour rendre à nos supporters et à nos sponsors tout ce soutien aussi indéfectible. Ils sont depuis des années derrière notre Club avec ses hauts et ses bas. L’année dernière, avec beaucoup de travail, nous avons atteint notre objectif de se placer dans les 6 et on a senti cet engouement derrière l’équipe. Je pense que les supporters et les sponsors, financièrement et avec leur présence, sont essentiels. Ils le méritent. À nous d’être une équipe qui dégage un bel état d’esprit, un haut niveau d’engagement et qui joue un beau rugby pour continuer d’aller chercher cette place dans le Top 6 qui est dure à décrocher. Surtout pour les rendre fiers.